Article original le 1er octobre 2022

Un aperçu des scénarios à venir dans la politique canadienne

Octobre 2022 – vérifiez dans quelques années comment cela se passe !

Oui, il y a un an, nous avons eu des élections et, en mars 2022, les libéraux au pouvoir ont conclu avec le NPD un « accord d’approvisionnement et de confiance » qui vise à les maintenir au pouvoir jusqu’à la date fixe des élections du 20 octobre 2025. Les conservateurs viennent de terminer une course à la direction qui a désigné le favori Pierre Poilievre comme vainqueur. En théorie, les trois prochaines années devraient être une fenêtre de stabilité relative, une occasion de faire avancer les choses, ou du moins de s’attaquer aux grands défis du moment.

Il n'est toutefois pas trop tôt pour jeter un œil à l'horizon lointain et aux scénarios qui nous attendent juste avant et juste après les prochaines élections fédérales. D'ici un an environ, ce genre de prévisions ne servira plus de matière à réflexion aux experts politiques mais fera l'objet d'une planification sérieuse par une myriade d'associations et de lobbyistes, ainsi que par des équipes au sein de la fonction publique qui réfléchissent à la préparation du prochain mandat.

Ce qui suit est une analyse de huit scénarios principaux. Il ne s'intéresse pas à l'identité des dirigeants et ne tente pas non plus de peser tous les facteurs qui détermineront le résultat des élections. Par exemple, où se situera l'économie en 2025 ? La pandémie aura-t-elle pris une tournure moins néfaste ou reviendra-t-elle en force avec de nouveaux variants ? Donald Trump sera-t-il de retour à la Maison Blanche ? Comment s'est déroulée la guerre en Ukraine ? Il s'agit plutôt d'un examen des résultats et de leurs implications pour la gouvernance.

Attention, spoiler : rien ne semble prometteur. Les scénarios les moins probables sont une période de stabilité de quatre ans et une forte probabilité de turbulences considérables. Le Canada pourrait être confronté à des changements radicaux entre 2024 et 2026, avec des changements de politique et de priorités et des dirigeants politiques qui se concentrent sur la survie au jour le jour.

Ce qui suit n'a pas pour but d'attribuer des probabilités à chaque scénario. Je vous laisse le soin de le faire.

1 – TRUDEAU 4.0

Justin Trudeau relance les sondages de son parti et, grâce à un peu de chance dans des courses serrées, obtient un quatrième mandat – une faible majorité, ou suffisamment proche pour qu’il puisse gouverner sans être redevable à un autre parti, comme il l’a fait lors de son deuxième mandat. La question de la succession se pose alors vers 2028 et le gouvernement en place entame un nouveau cycle de gouvernance.

2 – NOUVELLE TEINTE DE ROUGE

Justin Trudeau se retire en 2024 et son successeur à la tête du parti parvient à obtenir un quatrième mandat, un exploit rare mais pas inconnu. Kathleen Wynne a remporté l'Ontario après trois mandats de Dalton McGuinty. John Turner et Kim Campbell n'ont pas réussi à le faire. Comme nous l'avons vu lorsque Paul Martin a succédé à Jean Chrétien en 2003, le nouveau premier ministre libéral pourrait être désireux de faire preuve de différenciation plutôt que de continuité d'ici 2025. Comme celui de Paul Martin, le nouveau gouvernement libéral pourrait ne durer que quelques années, ce qui mènera à une nouvelle élection en 2027.

3 – BLEU PROFOND

Le chef conservateur Pierre Poilievre est en mesure de maintenir les factions de son parti alignées, de minimiser les défections, de garder le Parti populaire de Max Bernier sous contrôle et de profiter de la vague du « temps pour un changement ». Cela ressemble plus ou moins à la victoire de Mulroney en 1984, à celle de Chrétien en 1993 et à celle de Trudeau en 2015. Les principales forces qui s'opposeraient à une majorité conservatrice seraient la table des 13 premiers ministres et le Sénat, qui serait dominé par les personnes nommées par Trudeau. À titre de référence, consultez la nomination par Brian Mulroney de huit sénateurs extraordinaires en septembre 1990 afin de faire passer la réforme de la taxe de vente pour vous rappeler les confrontations passées.

Pour les politologues, il existe deux variantes de ce scénario : la première où les libéraux sont rejetés sans ménagement, comme les conservateurs l'ont été en 1993 et les libéraux en 2011. Le NPD devient le principal parti d'opposition, ce qui aura des répercussions sur la politique après 2025. La seconde où les libéraux sauvent une bonne performance et commencent à planifier leur retour ou envisagent sérieusement une fusion avec le NPD. N'oublions pas que les conservateurs et les libéraux ont survécu aux nécrologies écrites à leur sujet au moment de leur défaite et ont fini par revenir au pouvoir.

Pendant ce temps, après 2025, les conservateurs continuent de gouverner à travers quatre sessions parlementaires et quatre budgets fédéraux.

4 – BLEU PÂLE

La vague de changement ne mène pas les conservateurs à une majorité (Harper en 2006) et un nouveau premier ministre conservateur surveille une Chambre des communes où seul le Bloc québécois pourrait être disposé à conclure des accords. Il pourrait y avoir quelques députés du Parti populaire qui pourraient être incités à changer de camp ou à voter avec le gouvernement ou même quelques libéraux (Google David Emerson janvier 2006) ou peut-être quelques conservateurs dissidents qui ont pris la fuite après que la direction du parti ait été décidée en 2022.

La question de savoir si ce gouvernement sera stable dépendra des résultats de la Chambre des communes et de la force perçue du mandat et de l’élan. Comme Harper en 2006, le nouveau premier ministre conservateur pourrait réussir à se frayer un chemin pendant environ deux ans et tenter de remporter une victoire en 2027. D’un autre côté, le nouveau gouvernement conservateur pourrait être aussi éphémère que le gouvernement minoritaire de Joe Clark en 1979 et une autre élection pourrait suivre en 2026. Un certain nombre de questions pourraient amener les autres partis à s’unir pour les vaincre.

5 – DOUBLE BLEU

L’arithmétique de la Chambre des communes post-2025 laisse les conservateurs et le Bloc québécois comme seule majorité viable. Ils trouvent un terrain d’entente pour réduire le gouvernement fédéral. Le nouveau gouvernement se concentre sur les programmes de dépenses fédérales et les lois réglementaires, réduit la conditionnalité des transferts fédéraux aux provinces et confie une grande partie de l’évaluation environnementale aux provinces. Pour les conservateurs, il obtient un gouvernement plus petit et le Bloc québécois obtient une plus grande autonomie pour le Québec. Les premiers ministres s’aligneront sur des camps différents pour déterminer si c’est une bonne direction pour la fédération et le Sénat devient un champ de bataille clé.

6 – ORANGE – MAIS PAS ÉCRASÉ

Au cours de la campagne de 2025, de nombreux électeurs qui avaient auparavant voté libéral en viennent à la conclusion qu’ils veulent un changement, mais pas celui que proposent les conservateurs, et le NPD remporte le plus de sièges. Une majorité est possible, mais une minorité est plus probable. Le nouveau premier ministre néo-démocrate examine les chiffres de la nouvelle Chambre des communes. Ses options sont de former une véritable coalition avec les libéraux malmenés, en invitant certains à se joindre à son Cabinet, ou de remplacer l’accord de confiance et d’approvisionnement de 2022 par un nouvel accord qui garantirait au Cabinet néo-démocrate une période pour aller de l’avant avec des initiatives incomplètes comme l’assurance-médicaments. Une des clés pour le NPD serait de savoir s’il doit consacrer du temps précieux et du capital politique à la réforme électorale, ce qui pourrait conduire à un référendum national dès la fin de 2026 (consultez le référendum de la Colombie-Britannique de 2018).

7 – ÉCHEC DE LANCEMENT

Les conservateurs remportent le plus de voix et de sièges et commencent à former un gouvernement parce que l’opposition estime qu’elle n’a pas d’autre choix que de céder. Les conservateurs peuvent nommer un cabinet, congédier certaines personnes, en nommer d’autres et prendre des mesures dans le cadre des pouvoirs de l’exécutif. Le nouveau premier ministre peut même représenter le Canada à un ou deux sommets internationaux. Cependant, au moment où ils sont en mesure de convoquer le Parlement, les partis d’opposition « progressistes » ont déjà défini leur direction, se sont mis d’accord sur un programme commun et ont trouvé le courage de vaincre immédiatement le nouveau gouvernement. Tel fut le sort du premier ministre de l’Ontario, M. Eves, en 1985, de la première ministre de la Colombie-Britannique, Christy Clark, en 2017, et du premier ministre du Nouveau-Brunswick, Brian Gallant, en 2018.

Une variante de cette collision mène à une deuxième élection en 2026, mais avec le gouvernement conservateur zombie aux commandes de l’exécutif. Nous allons discuter de la « convention de retenue ».

Une deuxième possibilité est qu’après avoir vaincu les conservateurs, les partis d’opposition forment un gouvernement viable, capable de mettre en place le Parlement, de déposer un budget et quelques projets de loi clés, puis de déclencher des élections anticipées pour obtenir un mandat complet. Quoi qu’il en soit, l’hiver et le printemps 2026 s’annoncent turbulents.

8 – VICTOIRE CONTESTÉE

Le système uninominal majoritaire à un tour pourrait donner lieu à un résultat où les conservateurs remporteraient la plus grande part des voix et le plus grand nombre de sièges, mais ne parviendraient pas à former un gouvernement. Si les libéraux et le NPD réunis ont une majorité de députés et peuvent s’entendre pour que le premier ministre libéral en exercice conserve le pouvoir, ils peuvent convoquer la Chambre et lui présenter un discours du Trône, affirmant le principe de Westminster selon lequel ce qui compte, c’est d’obtenir la confiance de la Chambre. Le premier ministre qui se présenterait aux élections resterait le premier ministre pendant toute la durée de l’élection.

Ce scénario aurait déjà été discuté, avec véhémence, pendant la campagne électorale et les chefs de parti auraient déjà pu se prononcer à ce sujet, réduisant ainsi leur marge de manœuvre. Cela soulève des scénarios désagréables où les conservateurs n’accepteraient pas le résultat de bonne grâce. Ils pourraient contester le décompte dans certaines circonscriptions, exiger le droit de former le gouvernement et affirmer que toute autre configuration parlementaire serait une « élection volée » ou « antidémocratique ». On parlerait beaucoup de « convention » et de « légitimité ». La laideur que nous avons vue à Ottawa en février 2022 pourrait revenir à une plus grande échelle.

GOUVERNANT

Chacun de ces huit scénarios a des implications sur les orientations politiques. La campagne électorale de 2025 aura une grande influence sur l’agenda post-électoral, mais elle ne sera pas contraignante. Une fois au pouvoir, les gouvernements pourraient choisir d’abandonner leurs engagements ou de faire des choses dont ils n’ont pas parlé pendant la campagne. Vérifiez les faits. Des événements surviennent et une grande partie du gouvernement réagit aux chocs et aux surprises : Stephen Harper a été confronté à une crise financière mondiale après sa victoire en 2008 et Justin Trudeau a dû faire face à une pandémie mondiale soudaine après sa victoire en 2019.

Certains de ces scénarios sont plus intéressants pour ceux d’entre nous qui s’intéressent à la gouvernance et aux institutions. Ils pourraient raviver la pression en faveur d’une réforme électorale, d’une réforme du Sénat ou de son abolition. Qui sait, le rôle de la monarchie pourrait soudainement revenir au premier plan avec la mort de la reine. Certains scénarios pourraient conduire à redessiner à nouveau la forme de notre fédération.

Pour tous ceux qui travaillent pour ou autour du gouvernement fédéral, il y a de fortes chances que des rapides se profilent à l'horizon. Regardez devant vous et accrochez-vous bien.

Article original le 1er octobre 2022

Un aperçu des scénarios à venir dans la politique canadienne

Octobre 2022 – vérifiez dans quelques années comment cela se passe !

Oui, il y a un an, nous avons eu des élections et, en mars 2022, les libéraux au pouvoir ont conclu avec le NPD un « accord d’approvisionnement et de confiance » qui vise à les maintenir au pouvoir jusqu’à la date fixe des élections du 20 octobre 2025. Les conservateurs viennent de terminer une course à la direction qui a désigné le favori Pierre Poilievre comme vainqueur. En théorie, les trois prochaines années devraient être une fenêtre de stabilité relative, une occasion de faire avancer les choses, ou du moins de s’attaquer aux grands défis du moment.

Il n'est toutefois pas trop tôt pour jeter un œil à l'horizon lointain et aux scénarios qui nous attendent juste avant et juste après les prochaines élections fédérales. D'ici un an environ, ce genre de prévisions ne servira plus de matière à réflexion aux experts politiques mais fera l'objet d'une planification sérieuse par une myriade d'associations et de lobbyistes, ainsi que par des équipes au sein de la fonction publique qui réfléchissent à la préparation du prochain mandat.

Ce qui suit est une analyse de huit scénarios principaux. Il ne s'intéresse pas à l'identité des dirigeants et ne tente pas non plus de peser tous les facteurs qui détermineront le résultat des élections. Par exemple, où se situera l'économie en 2025 ? La pandémie aura-t-elle pris une tournure moins néfaste ou reviendra-t-elle en force avec de nouveaux variants ? Donald Trump sera-t-il de retour à la Maison Blanche ? Comment s'est déroulée la guerre en Ukraine ? Il s'agit plutôt d'un examen des résultats et de leurs implications pour la gouvernance.

Attention, spoiler : rien ne semble prometteur. Les scénarios les moins probables sont une période de stabilité de quatre ans et une forte probabilité de turbulences considérables. Le Canada pourrait être confronté à des changements radicaux entre 2024 et 2026, avec des changements de politique et de priorités et des dirigeants politiques qui se concentrent sur la survie au jour le jour.

Ce qui suit n'a pas pour but d'attribuer des probabilités à chaque scénario. Je vous laisse le soin de le faire.

1 – TRUDEAU 4.0

Justin Trudeau relance les sondages de son parti et, grâce à un peu de chance dans des courses serrées, obtient un quatrième mandat – une faible majorité, ou suffisamment proche pour qu’il puisse gouverner sans être redevable à un autre parti, comme il l’a fait lors de son deuxième mandat. La question de la succession se pose alors vers 2028 et le gouvernement en place entame un nouveau cycle de gouvernance.

2 – NOUVELLE TEINTE DE ROUGE

Justin Trudeau se retire en 2024 et son successeur à la tête du parti parvient à obtenir un quatrième mandat, un exploit rare mais pas inconnu. Kathleen Wynne a remporté l'Ontario après trois mandats de Dalton McGuinty. John Turner et Kim Campbell n'ont pas réussi à le faire. Comme nous l'avons vu lorsque Paul Martin a succédé à Jean Chrétien en 2003, le nouveau premier ministre libéral pourrait être désireux de faire preuve de différenciation plutôt que de continuité d'ici 2025. Comme celui de Paul Martin, le nouveau gouvernement libéral pourrait ne durer que quelques années, ce qui mènera à une nouvelle élection en 2027.

3 – BLEU PROFOND

Le chef conservateur Pierre Poilievre est en mesure de maintenir les factions de son parti alignées, de minimiser les défections, de garder le Parti populaire de Max Bernier sous contrôle et de profiter de la vague du « temps pour un changement ». Cela ressemble plus ou moins à la victoire de Mulroney en 1984, à celle de Chrétien en 1993 et à celle de Trudeau en 2015. Les principales forces qui s'opposeraient à une majorité conservatrice seraient la table des 13 premiers ministres et le Sénat, qui serait dominé par les personnes nommées par Trudeau. À titre de référence, consultez la nomination par Brian Mulroney de huit sénateurs extraordinaires en septembre 1990 afin de faire passer la réforme de la taxe de vente pour vous rappeler les confrontations passées.

Pour les politologues, il existe deux variantes de ce scénario : la première où les libéraux sont rejetés sans ménagement, comme les conservateurs l'ont été en 1993 et les libéraux en 2011. Le NPD devient le principal parti d'opposition, ce qui aura des répercussions sur la politique après 2025. La seconde où les libéraux sauvent une bonne performance et commencent à planifier leur retour ou envisagent sérieusement une fusion avec le NPD. N'oublions pas que les conservateurs et les libéraux ont survécu aux nécrologies écrites à leur sujet au moment de leur défaite et ont fini par revenir au pouvoir.

Pendant ce temps, après 2025, les conservateurs continuent de gouverner à travers quatre sessions parlementaires et quatre budgets fédéraux.

4 – BLEU PÂLE

La vague de changement ne mène pas les conservateurs à une majorité (Harper en 2006) et un nouveau premier ministre conservateur surveille une Chambre des communes où seul le Bloc québécois pourrait être disposé à conclure des accords. Il pourrait y avoir quelques députés du Parti populaire qui pourraient être incités à changer de camp ou à voter avec le gouvernement ou même quelques libéraux (Google David Emerson janvier 2006) ou peut-être quelques conservateurs dissidents qui ont pris la fuite après que la direction du parti ait été décidée en 2022.

La question de savoir si ce gouvernement sera stable dépendra des résultats de la Chambre des communes et de la force perçue du mandat et de l’élan. Comme Harper en 2006, le nouveau premier ministre conservateur pourrait réussir à se frayer un chemin pendant environ deux ans et tenter de remporter une victoire en 2027. D’un autre côté, le nouveau gouvernement conservateur pourrait être aussi éphémère que le gouvernement minoritaire de Joe Clark en 1979 et une autre élection pourrait suivre en 2026. Un certain nombre de questions pourraient amener les autres partis à s’unir pour les vaincre.

5 – DOUBLE BLEU

L’arithmétique de la Chambre des communes post-2025 laisse les conservateurs et le Bloc québécois comme seule majorité viable. Ils trouvent un terrain d’entente pour réduire le gouvernement fédéral. Le nouveau gouvernement se concentre sur les programmes de dépenses fédérales et les lois réglementaires, réduit la conditionnalité des transferts fédéraux aux provinces et confie une grande partie de l’évaluation environnementale aux provinces. Pour les conservateurs, il obtient un gouvernement plus petit et le Bloc québécois obtient une plus grande autonomie pour le Québec. Les premiers ministres s’aligneront sur des camps différents pour déterminer si c’est une bonne direction pour la fédération et le Sénat devient un champ de bataille clé.

6 – ORANGE – MAIS PAS ÉCRASÉ

Au cours de la campagne de 2025, de nombreux électeurs qui avaient auparavant voté libéral en viennent à la conclusion qu’ils veulent un changement, mais pas celui que proposent les conservateurs, et le NPD remporte le plus de sièges. Une majorité est possible, mais une minorité est plus probable. Le nouveau premier ministre néo-démocrate examine les chiffres de la nouvelle Chambre des communes. Ses options sont de former une véritable coalition avec les libéraux malmenés, en invitant certains à se joindre à son Cabinet, ou de remplacer l’accord de confiance et d’approvisionnement de 2022 par un nouvel accord qui garantirait au Cabinet néo-démocrate une période pour aller de l’avant avec des initiatives incomplètes comme l’assurance-médicaments. Une des clés pour le NPD serait de savoir s’il doit consacrer du temps précieux et du capital politique à la réforme électorale, ce qui pourrait conduire à un référendum national dès la fin de 2026 (consultez le référendum de la Colombie-Britannique de 2018).

7 – ÉCHEC DE LANCEMENT

Les conservateurs remportent le plus de voix et de sièges et commencent à former un gouvernement parce que l’opposition estime qu’elle n’a pas d’autre choix que de céder. Les conservateurs peuvent nommer un cabinet, congédier certaines personnes, en nommer d’autres et prendre des mesures dans le cadre des pouvoirs de l’exécutif. Le nouveau premier ministre peut même représenter le Canada à un ou deux sommets internationaux. Cependant, au moment où ils sont en mesure de convoquer le Parlement, les partis d’opposition « progressistes » ont déjà défini leur direction, se sont mis d’accord sur un programme commun et ont trouvé le courage de vaincre immédiatement le nouveau gouvernement. Tel fut le sort du premier ministre de l’Ontario, M. Eves, en 1985, de la première ministre de la Colombie-Britannique, Christy Clark, en 2017, et du premier ministre du Nouveau-Brunswick, Brian Gallant, en 2018.

Une variante de cette collision mène à une deuxième élection en 2026, mais avec le gouvernement conservateur zombie aux commandes de l’exécutif. Nous allons discuter de la « convention de retenue ».

Une deuxième possibilité est qu’après avoir vaincu les conservateurs, les partis d’opposition forment un gouvernement viable, capable de mettre en place le Parlement, de déposer un budget et quelques projets de loi clés, puis de déclencher des élections anticipées pour obtenir un mandat complet. Quoi qu’il en soit, l’hiver et le printemps 2026 s’annoncent turbulents.

8 – VICTOIRE CONTESTÉE

Le système uninominal majoritaire à un tour pourrait donner lieu à un résultat où les conservateurs remporteraient la plus grande part des voix et le plus grand nombre de sièges, mais ne parviendraient pas à former un gouvernement. Si les libéraux et le NPD réunis ont une majorité de députés et peuvent s’entendre pour que le premier ministre libéral en exercice conserve le pouvoir, ils peuvent convoquer la Chambre et lui présenter un discours du Trône, affirmant le principe de Westminster selon lequel ce qui compte, c’est d’obtenir la confiance de la Chambre. Le premier ministre qui se présenterait aux élections resterait le premier ministre pendant toute la durée de l’élection.

Ce scénario aurait déjà été discuté, avec véhémence, pendant la campagne électorale et les chefs de parti auraient déjà pu se prononcer à ce sujet, réduisant ainsi leur marge de manœuvre. Cela soulève des scénarios désagréables où les conservateurs n’accepteraient pas le résultat de bonne grâce. Ils pourraient contester le décompte dans certaines circonscriptions, exiger le droit de former le gouvernement et affirmer que toute autre configuration parlementaire serait une « élection volée » ou « antidémocratique ». On parlerait beaucoup de « convention » et de « légitimité ». La laideur que nous avons vue à Ottawa en février 2022 pourrait revenir à une plus grande échelle.

GOUVERNANT

Chacun de ces huit scénarios a des implications sur les orientations politiques. La campagne électorale de 2025 aura une grande influence sur l’agenda post-électoral, mais elle ne sera pas contraignante. Une fois au pouvoir, les gouvernements pourraient choisir d’abandonner leurs engagements ou de faire des choses dont ils n’ont pas parlé pendant la campagne. Vérifiez les faits. Des événements surviennent et une grande partie du gouvernement réagit aux chocs et aux surprises : Stephen Harper a été confronté à une crise financière mondiale après sa victoire en 2008 et Justin Trudeau a dû faire face à une pandémie mondiale soudaine après sa victoire en 2019.

Certains de ces scénarios sont plus intéressants pour ceux d’entre nous qui s’intéressent à la gouvernance et aux institutions. Ils pourraient raviver la pression en faveur d’une réforme électorale, d’une réforme du Sénat ou de son abolition. Qui sait, le rôle de la monarchie pourrait soudainement revenir au premier plan avec la mort de la reine. Certains scénarios pourraient conduire à redessiner à nouveau la forme de notre fédération.

Pour tous ceux qui travaillent pour ou autour du gouvernement fédéral, il y a de fortes chances que des rapides se profilent à l'horizon. Regardez devant vous et accrochez-vous bien.